FRENCHTOWN CONNECTION / PIERRE FÉNICHEL
(Durance-PF022020 - Absilone)
Enregistré les 9 et 10 mai 2018 à l’Atelier de Musiques Improvisées
Prise de son et mixage : Antony Soler / Mastering : Studio Translab / Marie Pieprzownik
Pierre Fenichel : contrebasse, arrangements, compositions / « Braka » : batterie, percussionsThomas Weirich : guitares / Romain Morello : trombone / Marcus Wyatt : Trompette
C’est à l’adolescence que Pierre Fenichel découvre ce qui préfigurera le Reggae. Les Skatellites, Ernest Gold et son Exodus, Peter Tosh, et tant d’autres improbables musiques gravées sur les disques vinyles érodant les saphirs des platines (et inversement)... Avec ses amis de la Barrasse, (un quartier populaire de Marseille), le choc est total ! Rien n’est banalisé... Une autre époque...
C’est aussi le temps du film « French connection » où quelques scènes furent tournées au Conservatoire de Marseille... Alors tout se mélange, les camarades de classe se dispersent et se perdent de vue tandis que d’autres amitiés voient le jour au fil des rencontres et de la vie ; le parcours de Pierre l’emmenant aux études de sociologie puis sur les routes du jazz où il cheminera avec Raphaël Imbert, Paul Pioli, Alain Soler, André Jaume, Cédrick Bec, Fred Pasqua, et tant d’autres... Et parfois un retour sur soi-même provoque un déclic, une envie qui prend la forme d’un aller simple à ce projet enthousiasmant intitulé « Frenchtown Connection ».
Pierre Fenichel nous avait déjà « fait le coup » du projet mystérieux avec son premier LP répondant au titre intrigant de « Breitenfeld » ; un superbe et très original « tribute » à Dave Brubeck. Cette fois-ci, de faon très inspirée, il se saisit des « tubes » de ses héros de jeunesse et les déconstruit pour les remodeler avec sa connaissance du Jazz et sa créativité : un film aux inflexions exotiques d’une inattendue série noire s’éveille alors dans notre imaginaire.
Ses camarades ici s’appellent « Braka » à la batterie féline et chaloupée, Thomas Weirich à la guitare arboricole, Romain Morello au trombone serpentiforme rejoints pour l’occasion par l’immense trompettiste sud-africain Marcus Wyatt... Une équipe !
Cela donne une musique superbe qui sonne « roots », (le son de l’album y amène d’ailleurs une bonne part de véracité) et moderne à la fois ; nous sommes ici et ailleurs en même temps, presque ubiquitaires, partagés entre la Jamaïque et Marseille avec ce coté « filmique » qui nous fait voyager dans le temps et remonter jusqu’aux années 70...
Dégustation savoureuse d’un album qui fait la différence d’avec une production actuelle trop monochrome et formatée ; quand on écoute « Frenchtown Connection » c’est du rêve en couleur et en quatre dimensions qui se dessine même si le monde réel est bien en place.
Magique !
Improsphère - Mercredi 15 décembre 2021 - Khaled Zehar